On attribue à certaines molécules de l’harpagophytum les propriétés d’un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS). Elles inhiberaient la cyclooxygénase, une enzyme responsable de la libération de prostaglandine dans l’organisme.
La prostaglandine provoque une réponse inflammatoire du corps, et joue un rôle dans la production du mucus qui protège l’estomac. Lorsqu’on inhibe la production de cyclooxygénase et de prostaglandine, on observe donc une réduction de la réponse inflammatoire, mais aussi une diminution de la quantité de mucus pour protéger la paroi gastrique.
La conclusion logique de cette hypothèse est “Attention, l’harpagophytum réduit la production de mucus pour protéger l’estomac, donc il y a un risque accru d’ulcère gastrique !”. Pourtant, les études réalisées sur les paramètres pharmacocinétiques de l’harpagoside chez les chevaux n’ont noté aucun effet secondaire cliniquement détectable. [1;2] Une étude portant sur l’utilisation du Curcuma et de l’Harpagophytum chez le cheval s’est focalisée sur les effets secondaires au niveau gastro-intestinal et n’a observé aucun inconvénient de ce type. [3]
Comment cela est-ce possible ?
Il existe deux type de cyclooxygénase : la COX-1 et la COX-2.
La COX-1 est responsable du maintien d’un taux normal de prostaglandines dans l’organisme, essentiel à un bon fonctionnement gastro-intestinal notamment. La COX-2 est chargée d’augmenter la quantité de prostaglandine lors d’une inflammation.
Les AINS “non sélectifs” inhibent les deux COX, avec les inconvénients que l’on connait au niveau gastro-intestinal. [5] Tout simplement parce que la distinction COX-1 / COX-2 dans la prise en charge des phénomènes inflammatoires est une connaissance acquise assez récemment.
C’est une découverte majeure en 1991 - l’isoenzyme COX-2 - qui change la donne. On s’aperçoit qu’il est possible d’agir sur l’inflammation grâce à l’inhibition de cette enzyme. Mieux encore, il devient envisageable d’élaborer des AINS “sélectifs” qui inhibent surtout la COX-2, et beaucoup moins la COX-1. Cette dernière maintient ainsi un niveau normal de prostaglandine, et garantit la protection du tube digestif. [4]
Les choses pourraient encore évoluer avec la découverte récente d’une COX-3 mais cette dernière avancée n’affecte pas encore les pratiques médicales et pharmaceutiques.
Plusieurs études ont été réalisées pour étudier le potentiel anti-inflammatoire de l’harpagophytum chez l’homme et le rat, mais également pour certaines chez le cheval. Les résultats montrent une capacité à inhiber la COX-2 et donc à réduire l’inflammation. [6] Toutefois, s’agissant d’une plante, d’une matière première, et non d’un médicament, ce n’est pas un AINS. En revanche, ses propriétés peuvent permettre de l’utiliser dans la composition de médicaments. Ex : Dolosoft®
Cela est notamment dû à la présence d’harpagoside, un composant très connu de la racine d’harpagophytum procumbens.
Une étude a observé qu’à faible concentration - comme c’est le cas dans la racine à l’état naturel - l’harpagoside inhibe uniquement la COX-2 chez l’humain. [7;10] A des concentrations plus importantes, l’harpagoside inhibe indistinctement la COX-1 et la COX-2. [7]
L’harpagoside n’est pas le seul composant à conférer des propriétés anti-inflammatoires à l’harpagophytum. En effet, l’extrait d’harpagophytum montre un potentiel anti-inflammatoire plus prononcé que l’extrait d’harpagoside pur. Les autres composants de la plante étudiés séparément montraient soit une efficacité moindre, soit une aggravation de l’inflammation. C’est donc l’association de plusieurs composants incluant l’harpagoside, qui confère son efficacité à l’harpagophytum dans la réduction de l’inflammation. [8] Encore plus étonnant : un extrait sans harpagoside a montré une activité anti-inflammatoire ! [9] On note une fois de plus la complexité des interactions entre les composants d’une plante lorsqu’elle est ingérée par un être vivant.
L’harpagophytum possède d’autres bienfaits qui le rendent intéressant en tant que complément alimentaire chez l’homme et aliment complémentaire chez plusieurs espèces d’animaux, notamment le cheval.
L’harpagophytum a montré un effet chondroprotecteur chez le lapin par l’inhibition des cytokines responsables de la destruction du cartilage. [11]
L’arthrose consiste en une inflammation auto-entretenue par l’activation des chondrocytes (cellules du cartilage). Cette activation est stimulée par les cytokines dont l’interleukine fait partie et qui sont libérées lors d’une inflammation. Un véritable cercle vicieux qui entraine la destruction du cartilage suivie d’une altération de toutes les structures de l’articulation. [12]
L’harpagophytum possède un effet inhibiteur sur les cytokines : interleukine et TNF. C’est en cela qu’il permet de protéger les articulations.
Les cytokines ont également été étudiée en tant que marqueur d’un risque accru de fourbure chez les poneys. On envisage même que la TNF joue un rôle dans la résistance à l’insuline associée à des fourbures fréquentes. [14] L’harpagophytum pourrait donc avoir une action protectrice du métabolisme des équidés s’il était intégré au régime alimentaire des poneys à certaines périodes, le début du printemps par exemple.
Cette plante a également montré des effets antioxydants in vitro. [13]
Or, le rétablissement de l’équilibre oxydant/antioxydant par une supplémentation en antioxydants est bénéfique pour maintenir un bon fonctionnement des cellules et une communication satisfaisante entre elles, y compris dans les muscles et les articulations. [15; 16]. Le stress oxydatif doit être pris en compte en cas d’effort physique long et intense car il peut engendrer des lésions musculaires. [17]
L’harpagophytum étant susceptible de poser problème en cas de contrôle anti-dopage, il est à distribuer à l’issu des épreuves. Une autre source d’antioxydants, non dopante, devra être utilisée avant l’épreuve. Ainsi l’oxydoréduction est soutenue tout au long de l’effort et de la récupération. Il a été montré que la combinaison entre divers antioxydants était plus efficace que la distribution d’un unique aliment antioxydant. [16]
Il faut bien faire la distinction entre l’harpagophytum et l’harpagoside car, comme vu plus haut, l’harpagoside fortement dosé est susceptible d’inhiber la COX-1 et donc de fragiliser le système gastrique. En revanche, l’harpagophytum ne semble poser aucun problème, dans la théorie comme dans la pratique. S’il fallait se montrer circonspect, ce serait éventuellement vis-à-vis de préparation à base d’harpagophytum dans lesquelles on fait artificiellement monter le taux d’harpagoside, car cela pourrait potentiellement entraîner une inhibition de la COX-1 et rendre l'estomac vulnérable face à l'acidité.
L’harpagophytum est donc un aliment complémentaire particulièrement intéressant pour la sphère locomotrice car il améliore le confort locomoteur et soutient la longévité articulaire sans agresser la sphère digestive. D’autres plantes présentent des avantages comparables, comme la Reine des Prés qui elle adaptée pour la complémentation en cas de sensibilité articulaire et en cas de sensibilité gastrique.
Références
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